Avis principal par Beldaran
En ce mois d’octobre 2025, les éditions Pika se lancent dans la dark fantasy avec la dernière série en cours de Kôsuke Hamada, Cervin – Le roi oublié. L’éditeur a soigné le lancement, avec le volume est offert un superbe ex-libris qui reprend la grande illustration couleur présente dans le tome. Nous connaissons déjà l’auteur grâce à son titre autour du badminton Hanebad ! dont les trois premiers tomes ont été publiés aux éditions Noeve et pour son adaptation animée, Hanebado!.
Pour cette nouvelle aventure, Kôsuke Hamada invoque deux œuvres majeures dans leur medium respectif, Le Seigneur des anneaux pour l’héroic fantasy et Berserk pour la dark fantasy. Comment faire cohabiter ces influences ? A la truelle, tout simplement.
Qui dit dark fantasy, dit viols, apparemment les auteurs sont incapables de faire sans et surtout se sentent obligés d’appuyer cet élément. L’éditeur a d’ailleurs rajouté un petit paragraphe en début d’ouvrage pour prévenir.
Je n’avais pas lu de manga de ce type depuis les premiers tomes de Clevatess chez Ki-oon et je suis passée totalement au-travers, probablement à cause du manque de subtilité du récit.
Le roi Cervin (qui ressemble à un Aragorn qui aurait oublié de se tailler la barbe, même si Aragorn est évoqué à un moment de l’histoire) voit la chute de son royaume. Il perd tout dès les premières pages, sauf sa fille de 10 ans, Arsinoé qui use d’une ancienne magie qui dévore les souvenirs qu’elle a de son père, afin de latter un dragon démoniaque. Le ton est donné dès le départ, c’est une épopée sanglante qui nous attend : ça découpe à tour de bras. La première partie du volume instaure une ambiance malsaine et une situation d’urgence. Mais, les transitions ce n’est pas pour les cornichons. Elles sont régulièrement brutales et cela tue la force de certaines scènes. Cela a participé à mon décrochage car finalement, la narration présente tous les signes d’une mort cérébrale. C’est plat. Ennuyeusement plat.
Au milieu du tome, le grand méchant tout liquide, appuyé par un évêque zombie, nous explique la géopolitique de l’univers en 4 pages : je n’ai pas retenu le moindre nom. Une carte, ça manque de carte. Et je ne parle pas du petit carré qui nous est offert au détour d’un chapitre.
Les derniers chapitres nous amènent où ? A Ipithymia. La cité de quoi ? Des plaisirs ! Yeah ! NON ! Cela fait beaucoup pour un premier tome. Dans cette ville c’est un festival de débauche et cela interroge sur les capacités à régner du roi de Cervin. La capitale s’est effondrée il y a quelques jours mais en fait, le n’importe quoi règne sur ses terres depuis un moment. Il n’y a pas grand-chose à écrire sur ce passage si ce n’est que le groupe récupérera très probablement un compagnon de voyage.
Dans ce marasme, la relation du père et de la fille pourrait apporter un peu de lumière mais les personnages ne sont pas vraiment attachants. Ils sont trop lisses, cantonnés dans le rôle du roi déchu/ père bourru et la gamine qui malgré les horreurs qu’elle a vécu, reste naïve. Il faut voir comment l’auteur traitera l’évolution de leur relation par la suite. Ah, si j’oublie mais il y a une sorte de mascotte qui fait son apparition.
Au final, ce premier tome fait de la surenchère dans le côté dark et oublie de prendre le temps de développer un univers crédible et des personnages bien campés.
Du côté des dessins, les scènes d’action ne sont pas vraiment lisibles donc perdent en intensité. Pour le reste, dans l’ensemble, les designs s’inscrivent dans ce type de récit mais comme c’est le premier essai de l’auteur dans ce genre, il devrait se perfectionner. D’ailleurs les costumes sont soignés et l’unique femme chevalier que nous apercevons est intégralement vêtue, merci. En revanche, il en fait beaucoup trop sur les scènes de viol, notamment dans la partie de la cité des plaisirs.
L’édition est correcte. Le papier est souple, légèrement transparent et la qualité d’impression plutôt bonne. Les illustrations couleurs sur papier glacé sont très jolies, tout comme l’ajout de vernis sélectif sur certains éléments de la couverture. La traduction, signée Frédéric Malet, est claire.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Pika.
En conclusion
Cervin – Le roi oublié est un récit qui s’attache plus au côté dark qu’à l’histoire qu’il doit raconter. En résulte un tome introductif superficiel, peu engageant qui ne donne pas forcément envie de lire la suite.
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