Héléna & Mr. Wolf

Avis principal par ladybird3000

Grâce aux éditions Mahô, nous découvrons le travail de BliSS, autrice taïwanaise, avec sa série en 2 tomes Héléna & Mr. Wolf. Cette histoire a débuté en 2020 sur les réseaux sociaux de l’autrice. Elle a reçu une subvention du ministère de la culture taïwanais et a ensuite été publiée par Kadokawa Taïwan. Sa série a été récompensée du grand prix 2023 de la BD taïwanaise. Pour ma part, j’ai découvert son travail en 2024 à Angoulême, car elle était présente au Pavillon Taïwan (renommé depuis Taïwan Comics). Ses dessins ont accroché mon regard et je suis contente que Mahô nous propose sa série.

Nous découvrons Héléna, une enfant qui vit avec son petit frère Arthur. Dès les premières pages, l’autrice nous présente deux enfants qui vivent heureux avec leur mère et leur père. Mais après seulement quelques pages, on se rend compte que la mère n’est plus présente et que le père est souvent absent, jusqu’à ne plus revenir. Pour survivre, Héléna et Arthur demandent de la nourriture aux voisins, mais leur générosité n’est que passagère. Abandonnés à eux-mêmes, leur seul réconfort se trouve dans le fait de vivre des aventures imaginaires, que Héléna dessine. Tout cela se déroule en seulement quelques pages, la mère est emportée par la maladie, le père par un accident et les deux enfants se retrouvent à l’orphelinat après avoir failli mourir de faim. Mais là ne s’arrête pas le drame, car Arthur est confronté à son tour dans un accident et finit dans le coma. Héléna n’a plus que ses crayons pour essayer d’écrire l’histoire qu’elle avait promise à Arthur, en espérant que son frère finisse par rouvrir les yeux.

Nous découvrons donc Héléna, une enfant qui a déjà tout perdu alors qu’elle est encore si jeune. Son dernier espoir réside dans son frère qui ne se réveille pas de son coma. Elle aime dessiner et lire des livres illustrés, notamment ceux d’un auteur en particulier. Ce dernier, Mr. Wolf, dessine des livres illustrés emprunts d’une certaine noirceur, qui ne sont pas spécialement à destination d’un public enfantin. Lui-même a vécu une enfance sombre, dont nous voyons quelques bribes dans le tome 1, et qui est mieux expliquée dans le tome 2. Tous deux ont vécu des horreurs en étant enfant, et leur rencontre va leur permettre de s’entraider. Héléna est franche et comprend les choses mieux que d’autres enfants. Lors de sa rencontre avec Mr. Wolf, elle va donc s’adresser à lui comme à son égal. Lui, de son côté, la prend plus pour une enfant qui ne sait rien, car il ne sait encore rien de ce qu’elle a pu endurer. Malgré cela, il s’ouvre doucement et pense qu’en se rapprochant ainsi d’enfants, il pourra peut être retrouver l’inspiration et dessiner le livre illustré dont il a toujours rêvé.

Cette histoire m’a touchée et j’ai été très émue en la lisant. J’ai adoré Héléna, car c’est une enfant vive, qui comprend beaucoup de choses malgré son jeune âge. Et en même temps, elle a toujours l’innocence d’une enfant. De son côté, Mr. Wolf est sombre et cache son visage derrière un masque de loup. Mais sa rencontre avec Héléna va lui permettre de mettre de côté ce masque et montrer son vrai visage, tout en l’acceptant enfin. L’autrice n’épargne ni ses personnages, ni ses lecteurs. Alors que l’on croit que la lumière commence à briller, elle nous ensevelit à nouveau avec des révélations horribles. J’ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois, et mon cœur s’est serré lors de la dernière révélation choc. Mais heureusement, le second volume se termine sur une note plus positive et optimiste.

Concernant les dessins, je les ai beaucoup aimé. L’autrice arrive à utiliser différents styles, permettant ainsi de mettre en avant les créations de Héléna et Mr. Wolf, en les différenciant de son récit. Le style utilisé pour représenter les histoires de Mr. Wolf est plus sombre, quant au style utilisé pour les récits de Héléna est doux et arrondi. Enfin, les détails apportés au masque de loup font qu’il dégage une certaine distance et fait un peu peur. Mr. Wolf se cache derrière ce masque et renvoie une image sombre, parfois agressive. Cela contraste énormément avec son visage dévoilé une fois le masque tombé.

Du côté des volumes, nous avons droit à des pages couleurs et des dessins sous la jaquette. Les jaquettes ont des petits dessins en surbrillance, qui apportent un joli effet, permettant de mélanger réalité et imaginaire. La traduction est réalisée par Emilie Gervaise et la mise en page est réussie, notamment du côté des polices utilisées pour les livres illustrés insérés dans le récit, par exemple.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Mahô.