Nos voisins les yôkai

Avis principal par Beldaran

Lors de la saison animée printanière 2024, j’ai découvert avec beaucoup de plaisir sur Crunchyroll, la série animée Tonari no Yokai-san, adaptation du manga de noho, Nos Voisins les yôkai. Les éditions nobi nobi! on d’ailleurs profité de la diffusion pour lancer le manga dont le quatrième et dernière volume sortira demain.

Depuis 2023, noho dessine un spin-off, Tonari no Yōkai-san Gaiden qui se compose de courts récits, alternants entre le passé et le futur des personnages. J’espère que nous y aurons également droit. Si vous avez vu l’animé, le tome 1 correspond plus ou moins aux trois premiers épisodes et fait intéressant, chaque volume coïncide avec une saison. C’est l’été qui ouvre le bal.

Buchio est à la fin de sa vie de chat mais par un coup du sort le voici à l’aube de sa vie de nekomata. Chamboulement pour le félin qui est maintenant doué de parole et d’autres capacités liées à sa nouvelle condition de yokai. Il fait office de fil rouge dans cet univers ressemblant à notre société, à un détail près, les yôkai côtoient les humains en toute simplicité. Buchio fait le lien entre de nombreux protagonistes mais n’est pas la seule voix du récit. En effet, l’histoire est un récit choral, composé de courts chapitres, nous faisant basculer d’un point de vue de yôkai à celui d’un.e humain.e. Grâce à cette narration, nous découvrons petit à petit toutes les facettes du village de Fuchigamori, perdu dans les montagnes et la manière dont yôkai et humains cohabitent. Chose pas toujours aisée, car les yôkai restent des êtres à part, avec un fonctionnement différent de celui des humains ainsi, le danger reste prégnant : le retour d’une vieille entité réclamant vengeance ou tout simplement une ombre noire qui fait disparaître les humains. Cette part d’ombre entache la vie de la jeune Mutsumi qui peut compter sur le gardien du village, le tengu, Jirô.

Avec beaucoup de délicatesse et une pointe de mélancolie, noho nous dépeint une tranche-de-vie surnaturelle, qui questionne la place de toutes et de tous surtout quand on n’a pas la même espérance de vie. Buchio est au cœur de ce marasme de questions, épaulé avec bienveillance par sa famille humaine. Il est rongé par les questions, dévoré par l’étrangeté de sa nouvelle condition, Pourquoi est-il devenu un yôkai ? Ses interrogations bousculent le quotidien des autres yôkai dont on devine les fêlures.

L’ambiance douce-amère fait des merveilles et c’est avec plaisir qu’on découvrir la galerie de personnages, tous attachants et nourrissants l’histoire.

L’histoire nous embarque grâce au traitement des personnages mais aussi grâce au dessin. Les décors, les costumes, tout participe à la plongée réussie au cœur de ce Japon fantastique. Le trait de noho est fin, légèrement arrondi, pour un rendu particulièrement réussit autant des humains que des yôkai. Le découpage est classique mais sait être dynamique lorsqu’il le faut.

L’édition est agréable. Le papier est souple, quasiment pas transparent, en revanche, la qualité d’impression de mon volume n’est pas folle, sur de nombreuses pages l’encre a bavé (mais ce n’était pas le cas sur l’exemplaire que j’ai à la bibliothèque). Le visuel du tome est différent de celui japonais et j’ai une nette préférence pour ce dernier. La traduction, signée Vincent Marcantognini, est parfaite.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions nobi nobi !