Don’t call it Mystery

Don’t call it Mystery

Résumé :

Un jour d’hiver bien gris, un de ces jours où la seule chose à faire, c’est un bon curry, la police débarque chez Totonô alors que celui-ci en est à émincer les oignons. Un crime a eu lieu dans le quartier et les inspecteurs ne trouvent rien de mieux à faire que de l’embarquer et de lui mettre sous les yeux une longue liste de preuves indubitables que le coupable, c’est lui. Ils vont vite apprendre à connaître Totonô, « le déchiffreur de mystères ». Source : Noeve

Avis principal par Beldaran

Yumi Tamura appartient au clan très sélect des autrices dites maudites en France. Les éditeurs ne semblent pas ou peu croire en ses œuvres. Les éditions Kana ont édité Basara au début des années 2000 qui est aujourd’hui en arrêt de commercialisation tandis que 7 SEEDS est mort-né chez Pika. Il apparaît que l’autrice est à l’aise dans des genres multiples et je suis heureuse de pouvoir enfin découvrir son travail grâce aux éditions Noeve. Pour la sortie du deuxième tome, ce jour, j’ai relu le premier et cela se confirme : l’histoire est captivante et brillante. En bref, c’est un coup de cœur.

La construction de l’histoire est surprenante et l’impression d’une théâtralisation du récit est confirmée par l’autrice dans la postface. En effet, les deux affaires du volume se déroulent dans un huis clos, un commissariat pour la première et un bus pour la seconde. Le procédé est très intéressant car laisse toute la place aux personnages. J’ai trouvé l’ensemble fascinant.

Le long premier chapitre introduit le protagoniste principal, Kunô Totonô, étudiant, grand amateur de curry et comme le présente l’éditeur, Sherlock des temps modernes.

L’entrée en matière est déstabilisante mais terriblement mystérieuse et prenante. J’ai été immédiatement séduite par ce jeu d’enquête et de contre-enquête qui met en lumière un Totonô fin observateur et adroit dans les déductions mais qui cache une certaine fragilité. Elle se lit en filigrane et donne envie d’en apprendre plus sur le jeune homme.

Dans ce premier chapitre, Yumi Tamura aborde de manière intelligente de nombreuses thématiques comme la place de la femme dans un milieu plutôt masculin ou encore celle du père dans la famille japonaise.

Après une telle introduction, la suite se devait d’être à la hauteur. Elle a dépassé mes espérances, même si une question demeure, Totonô arrivera-t-il à manger son curry ?

Le huis clos se déplace avec de nombreux personnages liés par un bus que Totonô a attrapé de justesse. L’ambiance est savamment travaillée. On se prend au jeu une seconde fois. On s’interroge. Que va dire Totonô ? Il reste un être décalé dans ses réactions vis-à-vis des autres, cela créé des comiques de situation plaisants.

Une nouvelle fois, Yumi Tamura nous captive et nous interpelle grâce à divers thèmes pertinents qui s’articulent autour de la mort.

Pour cette seconde partie qui devrait se terminer dans le tome deux, peu d’indices sont donnés mais ils suffisent à titiller notre curiosité de lire la suite.

Le volume est très verbeux. Il se savoure. Le texte prend la place du décor et installe de manière efficace l’atmosphère du récit.

Totonô porte l’histoire. Il dégage une certaine nonchalance et ses remarques désarçonnent. Il a l’esprit vif mais peut paraître à côté de la plaque. Néanmoins, son côté singulier fait son charme.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Si les échanges fonctionnent, c’est parce que les protagonistes ont assez de présence pour nourrir le récit. De fait, leurs conversations et autres interactions sont très agréables à suivre.

La patte graphique de la mangaka est particulière mais a beaucoup de charme. La manière dont elle travaille les expressions des personnages est une réussite, cela participe à l’ambiance du titre. Le trait est fin et soigné.

L’édition est top. La jaquette est soignée. Le papier présente des reflets nacrés qui reproduisent des empreintes digitales. L’effet est réussi. Le papier est fin mais sans transparence et la qualité d’impression est vraiment bonne. La traduction à quatre mains, signée Yukari Maeda et Patrick Honnoré, sonne juste.

A noter que la carte sera glissée dans le tome 2.

Tome 2 par Beldaran

Le troisième tome est sorti il y a une petite semaine en toute discrétion. Il est donc plus que temps que je vous présente le deuxième.  Ce dernier est paru au mois d’octobre, repoussé à de nombreuses reprises à cause de la pénurie de papier. L’attente en valait la peine car la lecture s’est révélée aussi palpitante que celle du premier volume.

L’affaire du détournement de bus se poursuit et occupe plus de la moitié du tome. Nous retrouvons Totonô et les autres passagers dans un mystérieux manoir. L’accueil y est plutôt chaleureux, élément surprenant au vu du contexte. Le groupe nous apparaît dans un nouveau décor, les membres sont une fois de plus déstabilisés et les ravisseurs poursuivent leurs interrogations. Chacun devra se mettre à nu.

Le brillant Totonô qui aime parler, se mêle à chaque fois à la conversation et apporte une touche comique. Le concept, « c’est Totonô qui vous parle », semble être la base de cette partie, j’ai trouvé le procédé plus forcé, moins fluide que dans le tome 1, même si ses remarques sont toujours aussi pertinentes. En effet, elles apportent divers éclairages sur des faits variés de société, toujours observés par le prisme japonais. L’ensemble est très intéressant car traité avec finesse donc c’est plutôt la mise forme qui m’a légèrement dérangé. Cependant, pour un tome qui est une nouvelle fois très verbeux, il reste parfaitement bien rythmé.

J’en reviens aux événements du manoir. L’autrice sous pousse à réfléchir, à trouver la solution et je ne pense pas être très douée, même si le comportement d’un personnage interpelle. Le dénouement est surprenant et terrifiant. Cette histoire fut rondement menée et marquée par un protagoniste particulièrement charismatique que nous découvrons rapidement mais dont l’influence sur la vie de Totonô s’annonce importante.

Les chapitres suivants sont liés, de manière subtile, à l’affaire du bus. La narration effectue un glissement en douceur dans le train qui conduit notre observateur vers Hiroshima et l’exposition impressionnistes, enfin ! Totonô, étant parfaitement incapable de rester silencieux, ses yeux s’accrochant à tout ce qui sort de l’ordinaire, taille la bavette avec une parfaite inconnue qui lit des lettres. Le passage est intrigant et une nouvelle fois intelligemment construit. Nous nous prenons au jeu des devinettes qui décortiquent le passé de la jeune femme et dont le final dévoile un Totonô plus humain. Point renforcé par sa rencontre avec une fillette à Hiroshima. Le personnage en devient plus attachant. L’ombre de Garo plane toujours sur son existence et elle se manifeste de manière surprenante, incarnée par la jeune fille, Shioji Kariatsumari.

Cette fin, totalement intrigante, met en lumière la manière dont l’autrice a brillamment tissé les liens entre les personnages pour les conduire à cette situation rocambolesque. Une nouvelle fois, Totonô prend les choses en main et la suite s’annonce palpitante !

Yumi Tamura signe un nouvel opus captivant et toujours aussi intelligent dans sa façon d’aborder les travers sociétaux et humains. Le récit est dense et riche. Il faut également saluer l’excellent travail de traduction. Je vais de ce pas me plonger dans le troisième volume.

  • Scénario
  • Dessin
5

En conclusion

Yumi Tamura revient enfin en France avec une de ses dernières séries, intrigante, prenante et brillamment construite. L’histoire est portée par un personnage singulier et attachant. C’est un coup de cœur.

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