Le Rakugo à la vie, à la mort

Le Rakugo à la vie, à la mort

Résumé :

Dans le Japon des années 1960, Kyoji est libéré de prison pour bonne conduite. Sans famille ni attache, il est déterminé à devenir le disciple de Yakumo, un grand maître du rakugo, depuis qu’il a assisté à son impressionnante prestation au centre pénitentiaire. Étrangement, le maître choisit de prendre le jeune homme sous son aile, alors qu’il n’avait jusque-là accepté aucun apprenti, et lui donne même un nom de scène : « Yotaro ». Une nouvelle vie s’ouvre dès lors à Yotaro, qui tenterade faire perdurer cet art l’ayant tant aidé durant ses heures les plus sombres. Il pourra compter sur le soutien du domestique Matsuda et de la jeune Konatsu, fille d’un célèbre rakugo-ka décédé de façon tragique, qui fut autrefois l’ami et le rival de Yakumo… Source : Le Lézard Noir

Avis principal par Beldaran

Au mois d’août dernier, Haruko Kumota (La forêt des roses) était de retour en France, grâce aux éditions du Lézard Noir, avec une série particulièrement attendue, Le Rakugo à la vie, à la mort (Shôwa Genroku Rakugo Shinjû). Le manga a été pré-publié de 2010 à 2017 dans le magazine Itan des éditions Kôdansha. Il a remporté de nombreuses récompenses dans son pays, comme le prix du manga Kôdansha catégorie générale en 2014. Le titre est bouclé en 10 volumes mais l’éditeur nous le propose sous la forme de cinq épais tomes doubles.

Comme de nombreuses personnes, j’ai découvert l’œuvre grâce à son adaptation animée de 25 épisodes, produite en 2016 par le studio DEEN et diffusée la même année sur la plateforme ADN. J’ai adoré l’anime donc j’étais impatiente de me plonger dans l’œuvre originale. Pas de surprise, j’ai aimé la lecture de ce premier volume, particulièrement prenant.

Le récit débute dans les années 1960, à la sortie de prison de Kyoji qui n’a qu’un seul objectif devenir le disciple du grand rakugoka, Yakumo. Le jeune homme est rapidement renommé Yotaro et l’aventure au cœur du rakugo commence. Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances sur cet art traditionnel japonais dont l’histoire est portée uniquement par le conteur, sans décor. L’autrice nous initie en douceur au rakugo, en suivant les pas de Yotaro qui, au culot, a réussi à se faire une place dans la maison de Yakumo. C’est un milieu très intéressant à découvrir, d’une grande richesse qui nous permet d’apprécier un pan important de la culture japonaise. Néanmoins cet art oral est en perte de vitesse et concurrencé par d’autres formes de divertissement comme la télévision. Les jeunes n’y prêtent pas réellement attention et pour les plus âgés, il fait vibrer leur fibre nostalgique, leur rappelant des temps anciens. L’arrivée de Yotaro vient bousculer ce petit monde, totalement fermé aux femmes car elles ne pourraient pas jouer des personnages masculins, bien que Konatsu démontre le contraire.

Je craignais que les phases de rakugo soient moins prenantes que dans l’anime mais c’était sans compter sur le talent de conteuse de Haruko Kumota qui varie leurs mises en scène, rendant les passages captivants.

Yotaro arrive dans la maison de Yakumo où plane l’ombre du père de Konatsu, un ancien brillant rakugoka, Sukeroku. C’est un point particulièrement intrigant, surtout que cela est renforcé par les échanges souvent musclés entre Yakumo et la jeune femme. Plus de la moitié du volume est dévolue à l’introduction du rakugo et du trio de protagonistes. Par la suite nous basculons dans le passé pour revenir à l’origine de l’accord passé entre Sukeroku et Yakumo.

C’est la partie que j’avais adoré dans l’anime et elle est très plaisante à découvrir sur papier. La période aux alentours de la seconde guerre mondiale nous dévoile de nombreuses facettes du Japon et la manière dont le rakugo a vécu ces années, avec des hauts et des bas. Il est très intéressant de constater son importance dans la vie quotidienne.

La petite brochette de personnages est parfaitement travaillée. Yakumo et Konatsu sont liés par les souvenirs de Sukeroku mais Konatsu brûle de rage envers celui qui l’a recueilli et élevé. Yakumo est plus complexe a cerné. Il est hautain, cynique et sa pratique du rakugo est excellente. Néanmoins par petites touches se devine une certaine fragilité liée à son passé. Kyoji/Yotaro vient faire bouger les lignes de ce binôme. Sa première approche est assez vulgaire et culottée mais il a été touché par la grâce du rakugo et rien ne le fera reculer, pas même son ancienne vie. C’est un joyeux imbécile, terriblement attachant. De multiples personnages secondaires viennent étoffer le récit.

J’ai apprécié l’élégance et la finesse du trait de la mangaka. Le travail sur l’expressivité des personnages est formidable, cela se ressent particulièrement lors des passages de rakugo. Les décors sont réduits au minimum, ce qui laisse toute la place aux protagonistes.

L’édition est dans les standards de l’éditeur, un papier souple, une impression de qualité et une couverture sans jaquette ni rabats. J’ai une préférence pour le visuel japonais, beaucoup plus classe. La traduction a été confiée à Cyril Coppini, rakugoka depuis 2010, qui interprète du rakugo en japonais, en anglais et français. C’est un choix pertinent, même s’il y a quelques coquilles et des tournures de phrase un peu forcées. Les bonus sont intéressants, en plus de la postface du traducteur, il y a également un petit résumé des histoires contées durant le volume ainsi qu’un lexique sur les termes propres au rakugo.

  • Scénario
  • Dessin
5

En conclusion

Le rakugo, à la vie, à la mort est une œuvre d’une grande richesse, prenante, intrigante et portée par des personnages bien campés. C’est un coup de cœur.

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