Donne de la couleur à vos mangas
Au Moyen Âge, la princesse An du royaume d’Arabera porte sur ses épaules un lourd secret et désire plus que tout s’en délester… Au beau milieu de luttes sanglantes pour la succession au trône, An fait la rencontre de Circé, une tireuse de cartes de tarot, qui vit dans un quartier pauvre. À la cour qui fourmille d’ennemis, An et Circé vont tenter d’écarter le rideau du destin afin d’accéder à la « voie royale ». Source : Kana
En octobre dernier la collection Big Kana des éditions Kana s’est enrichie d’une nouvelle série. Elle est terminée en 3 volumes mais il devrait y avoir une suite. J’étais emballée par la couverture et l’histoire qui promettait une succession au trône sanglante, tapissée de cartes de tarot. Au final, je sors plutôt mitigée de ma lecture.
Le récit, de cette lutte acharnée pour le trône d’Arabera s’annonce sanglant. L’introduction est morbide avec son cortège funèbre et son ambiance étouffante, d’où s’échappe la princesse An. Cet évènement met en marche les rouages du destin de la princesse dont la rencontre fortuite avec la voyante Circé est déterminante. J’ai eu énormément de mal à rentrer dans l’histoire, tellement la narration du premier chapitre m’est apparue poussive et hachée. La révélation finale m’a totalement prise au dépourvu. Je ne m’attendais pas à cette direction proposée par l’auteur et de ce fait j’ai été légèrement déçue. Cette révélation influence la suite des évènements du volume qui se veut plutôt prévisible. Je déplore, pour le moment, un univers non développé. Un mur qui s’effrite nous lance une intrigue sur la famille des anciens rois, via une inscription mystérieuse. Les décors évoquent la fin de la période médiévale qui m’ont fait penser à l’Angleterre. Nous ne savons rien du monde à l’extérieur des murailles du château. L’action se positionnant exclusivement à l’intérieur de ce dernier, ce qui renforce le côté oppressant du récit. Nous ne savons rien sur cette famille royale qui s’entretue pour l’accession au trône. Je trouve le tout assez superficiel donc j’espère que l’intrigue va gagner en épaisseur. En revanche, l’utilisation du jeu de tarot est bien pensée et met en avant le fait que nous restons maître de notre destin, que notre vie dépend de nos choix.
La galerie de personnages est importante mais certains ne sont pas encore assez développés pour les évoquer, seuls trois sortent du lot. La princesse An qui suite à un événement tragique décide de se libérer du secret qui régit son existence. Elle est plutôt pleurnicharde et pas vraiment attachante, même si on note une légère évolution en fin de tome. Le personnage le plus intéressant et mystérieux reste Circé la liseuse de cartes. Elle quitte la misère pour accompagner, guider An sur le chemin sanglant de la royauté et obtenir le statut de Sage, l’être le plus proche du Roi. En termes de mystères, le majordome d’An, Louis n’est pas mal non plus.
Le dessin est à l’image du scénario et oscille entre le bon et le moins bon. Certaines cases m’ont fait sortir du récit. C’est la première œuvre de la mangaka et ça se sent, même si on note la recherche dans certains angles de vue. Pour rendre l’expressivité des personnages, leurs traits sont souvent tordus, jusqu’à la caricature, ce qui est dérangeant. Certaines mises en scène sont improbables comme l’attaque d’An qui m’a laissée perplexe. Les décors sont travaillés et soignés.
Si la première couverture correspond à l’édition japonaise, ce n’est pas le cas de celles des tomes 2 et 3. Je trouve cela dommage car les versions japonaises étaient plus jolies et correspondaient mieux à l’histoire.
La lecture du tome 2 m’a totalement laissée perplexe avec des enchainements de situations improbables et quelques peu artificiels et surtout un univers qui peine à se dévoiler, malgré les révélations sur le passé de Circé. C’est donc peu enthousiaste que je me lançais dans le troisième et dernier volume de la série. A noter, qu’il est plus épais que les précédents.
Nous reprenons là où nous avions laissé An, en plein combat qui à la fin de ce dernier prend la décision de partir à l’assaut du château avec le groupe de voleurs. Nous découvrons l’autre oncle d’An, Ricardo, qui est obnubilé par son neveu et totalement sous l’emprise de son frère. De fil en aiguille, An affronte son père avec un discours enflammé et s’offre un duel final avec son autre oncle, Felipe. Ce combat est totalement extravagant et terriblement tiré par les cheveux donc la sauce ne prend pas, surtout que le bidule s’étale sur un chapitre. La dernière partie permet de remettre en avant d’anciens personnages comme l’énigmatique majordome Louis, plutôt balèze et résistant ainsi que les attachantes servantes.
On notera l’évolution continue d’An vers la place qui devait être la sienne. Appuyé par ses amis, il s’affirme et la fin surprend sur un point. Le prince est arrivé à la fin du jeu de tarot et un nouveau cycle débute.
Dans l’ensemble la narration aura été poussive, pour un récit réellement peu emballant. C’est vraiment dommage car l’idée de départ avec les tarots était originale mais l’exécution n’a pas suivi.
En ce qui concerne les dessins, il y a de bonnes choses et de moins bonnes. Les décors sont particulièrement travaillés et les costumes soignés. Le rendu du dernier combat est brouillon. L’expressivité des visages est souvent poussée à l’extrême, tirant vers la caricature, ce qui n’a jamais aidé l’histoire à gagner en intensité. Cependant, il faut reconnaître que certaines planches sont bien fichues, notamment quand les personnages présentent une expressivité maîtrisée. Il y a de belles trouvailles en termes de points de vue.
En conclusion, cette courte série s’appuie sur une idée originale, les tarots, dans un univers évoquant les XVe-XVIe siècles européens mais peine à convaincre. Elle plaira sûrement aux amateurs d’intrigues politiques simples.
Chronique réalisée grâce au service de presse des éditions Kana.
En conclusion
Sangreal nous offre une introduction qui peine à convaincre avec des graphismes particuliers. Cependant, certains points ont été assez intrigants pour me pousser à lire la suite.
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