Princesse Mononoké

Princesse Mononoké

Avis principal par Zwitzwit

Résumé : Ashitaka, jeune descendant de guerriers Emishi, est voué à devenir le chef de son clan. Mais le destin en a voulu autrement : une créature monstrueuse, le Tatarigami, se met à attaquer son village sans raison apparente. Ashitaka parvient à vaincre la monstre mais, touché par ce dernier, il est condamné à une mort aussi lente que certaine. Obligé de quitter son village et les siens, il part à la recherche d’un remède au mal qui le ronge. Il arrive bientôt aux abords d’une gigantesque forêt, un territoire inaccessible aux hommes : en son sein, des animaux géants et étranges, craints et redoutés comme autant de divinités, livrent une guerre sans merci aux humains des environs qui cherchent à étendre leur territoire. Bientôt, Ashitaka rencontre San, la « Princesse Mononoke », une jeune femme élevée par les loups, qui voue une haine féroce aux humains. Un lien très fort commence à les unir, au moment où la guerre prend un tournant irrémédiable et tragique…
Source : Manga-News

L’action se déroule durant le Japon médiéval. A cette époque c’est la religion shinto, variante du bouddhisme, qui est prépondérante au Japon. Miyazaki a donné une place importante à cette religion dans son œuvre, cependant l’occidental peut au fait de cette religion passer à coté de certaines subtilités de ce film.
Shinto signifie : la voie des kamis(dieux). Cela veut dire que chaque chose est régie par une divinité. Ces divinités sont la manifestation permanente du sacré dans la vie de tous les jours.

A partir du septième siècle, on commence à construire des temples dédiés à chaque kami. Chaque sanctuaire est relié à un coin de nature (montagne, forêt) où réside le kami en question. Le kami peut prendre n’importe quelle forme. Cependant, Miyazaki a choisi de leur donner la forme d’animaux. Tous les kamis, si bienfaisants soient ils, sont capables de arami-tama (esprit de violence). Cet aspect est mis en avant avec l’aspect sauvage et violent inhérent aux animaux dans l’oeuvre de Miyazaki.

Un autre aspect important pris à la religion shinto, qui peut être incompréhensible pour des occidentaux, est la notion de souillure. Personnellement, je n’ai pas compris la contamination du premier Dieu sanglier, ni pourquoi cette contamination changeait l’aspect du kami ni comment la contamination se propageait. Les explications se trouvent dans la religion shinto. C’est le tatari qui peut être traduit par malédiction ou châtiment. Le tatari peut toucher n’importe quel kami qui se serait rendu coupable d’une mauvaise action, un égarement de l’esprit. C’est donc une souillure de l’âme du kami. Au départ cette souillure pouvait être physique, issue du contact avec du sang ou un cadavre. Dans Princesse Mononoké, le premier kami contaminé, le dieu sanglier, a été rendu fou de douleur par la balle logée dans son corps. Cette douleur associée à la haine qu’il s’est mis à ressentir pour les humains l’ont transformé en tatari kami. De même Ashitaka a commis une faute en abattant le Dieu sanglier, il est donc à son tour touché par le tatari. Cependant San, qui a été contaminée par contact et non pas en raison d’une mauvaise action, sera sauvée grâce à une purification dans l’eau du lac du Shishigami . On voit donc que la contamination d’un être souillé à un être sain se fait par simple contact physique même involontaire. Afin d’éviter toute contamination, les purifications sont donc très importantes. Dans l’oeuvre de Miyazaki , le tatari est représenté par des taches sombres sur Ashitaka et par des sortes de vers sombres et grouillants sur les différents kamis.

Miyazaki étant shintoïste, il s’est donc inspiré fortement de cette religion pour Princesse Mononoké, cependant, il a pris certaines libertés par rapport à celle ci, notamment dans la représentation des kamis et surtout du Shishigami.

Les kodamas ou sylvains, font partis du folklore japonais mais ont aussi un lien avec la religion shinto. Ce sont des yokais. Ils représentent les esprits des végétaux. Ainsi, dans le film quand la forêt meurt, ils meurent avec elle. On dit qu’ils sont responsables de l’écho. En fait par écho il faut entendre copie. Dans le film, on voit que les kodamas ont une physionomie proche de celle des humains dont ils s’amusent à copier les attitudes.
Le peuple d’Ashitaka, les Emeshi, a réellement existé. C’est un peuple qui a été exterminé, durant le 8ème siècle, par l’empereur car ils refusaient de se soumettre à son autorité. Les rares survivants se sont cachés, isolés du reste du monde pour se soustraire à l’empereur. Cependant, le peuple se meurt.

Chaque personnage de ce film d’animation est vecteur d’un message, ce qui permet une lecture plus profonde de l’oeuvre, plus destiné au public adulte.

Ashitaka est le héros du film. Il est aussi le plus pur malgré sa contamination. On le voit souvent mettre ses capacités exceptionnelles à l’arc et au sabre au service des plus faibles. Cependant, le spectateur peut s’identifier à lui car il est valeureux mais pas parfait. En effet, il lui arrive de ressentir des sentiments négatifs, qui font progresser le mal en lui mais qui augmentent sa force. Ashitaka reste neutre dans le conflit qui oppose les humains aux dieux de la forêt. Il comprend les points de vue de chacun et les respecte. Il aimerait que les deux parties soient satisfaites sans haine ni conflit. Il est un héros impuissant qui malgré toute sa volonté et ses bons sentiments ne peut qu’assister à la lutte et la destruction des deux parties.On voit aussi le lien qui l’unit à la nature par le biais de sa relation avec Yakkuru, sa monture. Yakkuru est un animal imaginaire. C’est l’inséparable complice d’Ashitaka. Il tient compagnie à Ashitaka lors de son voyage, veille sur lui lorsqu’il est blessé et inconscient, le suit bien qu’il soit blessé.On voit également qu’ Ashitaka le traite en égal en partageant ses repas avec lui. C’est donc un relation respectueuse et égalitaire qui lie le jeune homme et l’animal.

Le personnage de San, qui donne son nom au film, représente la lutte de la nature pour sa survie, l’attachement des japonais à la nature et à son respect. San représente la lutte écologique: la préservation de la nature face à l’industrie expansionniste, la pollution ,la déforestation, l’extermination des espèces animales indigènes. Elle lutte pour protéger sa famille et son lieu de vie. Cependant elle représente cette lutte dans son extrémisme, car San suivie dans sa lutte contre les hommes par Okkoto, un autre Dieu sanglier, est prête à utiliser la force pour exterminer les hommes. Ainsi même si le spectateur adhère à la lutte de San, on ne peut adhérer aux moyens de lutte qu’elle emploie.

Moro est la mère adoptive de San. C’est une divinité : la louve à deux queues. Le fait que ce soit une louve qui recueille un enfant humain rappelle le mythe de Romulus et Remus, les fondateurs de Rome, eux aussi recueillis et élevés par une louve. San a été abandonnée par ses parents qui fuyaient la louve. Celle-ci a été émue par cette enfant que ses propres parents ont abandonnée pour sauver leur peau. Elle l’a donc élevée comme son enfant. Moro n’aime pas les hommes qui tirent sur elle et qui détruisent la forêt et San tient les même propos que sa mère. Cependant, Moro est plus sage et avisée que San et préfère éviter un conflit frontal qu’elle juge trop dangereux et risqué. En sauvant sa fille d’Okkoto le dieu sanglier contaminé qui maintient San dans son tatari, Moro est à son tour contaminée. On voit donc bien les sentiments de Moro: d’un coté elle déteste les hommes et n’hésite pas à en tuer et d’un autre coté, elle s’expose à la mort pour sauver une jeune fille.

Le personnage de Dame Eboshi et lui aussi plein de dualité. C’est peut-être le personnage chez qui la dualité est la plus marquée. Dame Eboshi est la dirigeante de la forge et du village. Elle est une femme autoritaire qui commande aux hommes comme aux femmes. Elle dirige sa forge et son village avec une poigne de fer. Elle prend les armes contre le seigneur local qui veut asservir son village et se montre sans pitié avec San et les kamis de la forêt. En premier lieu, elle apparaît comme une femme froide et autoritaire. Cependant, les villageois lui vouent un profond respect. Elle les respecte en retour et s’inquiète de leur sort. On apprend que plusieurs femmes du village viennent de maisons closes desquelles Dame Eboshi les a tirées. Elle leur a enseigné à se défendre, à être indépendantes. Dame Eboshi héberge aussi des lépreux, qu’elle soigne et protège avec l’aide de certains habitants du village. C’est donc aussi une femme très humaine, qui ne juge pas les autres et vient en aide aux plus faibles. De plus, ce qui est innovant pour l’époque, c’est une femme émancipée. On comprend que l’attitude de Dame Eboshi vis à vis des kamis n’est dictée que par la nécessité de protéger et faire prospérer son village.

Plusieurs points font que Princesse Mononoké se démarque des autres films de Miyazaki. Tout d’abord, l’histoire reste sur le plan terrestre. En effet, dans les films de Miyazaki, il y a toujours des scènes aériennes, de vol ou dans le ciel. Il n’y a rien de tout cela dans Princesse Mononoké. De plus, les héros chez Miyazaki sont en général des enfants. Ici les héros : San et Ashitaka sont des grands adolescents. Enfin, l’humour est peu présent dans Princesse Mononoké, même si il y a des passages plus légers notamment avec les villageois, le ton reste assez grave. Ce qui différencie cette oeuvre des autres films de Miyazaki et qui en fait plus un film pour adulte que pour enfant.
Je trouve aussi que le dessin est plus adulte que pour les autres films. Les personnages, en accord avec le ton du film, ne devant ni être mignons ni faire rire. Seuls les kodamas apportent une touche de mignon au film.

L’auteur de la BO est Joe Hisaishi, qui a composé d’autres BO d’animé. La musique est classique et interprétée par l’orchestre philharmonique de Tokyo. Elle vient renforcer les images et donne des sonorités à l’animation. Cependant, la musique la plus marquante est celle attribuée à San : Princess Mononoké Theme Song, interprétée par Yoshikazu Mera. Sa voix est vraiment pure et rend la chanson vraiment émouvante. Même hors du contexte du film, je trouve que c’est une chanson vibrante et belle. Elle donne une touche de magie et de féerie au passage qu’elle illustre. C’est également l’ending du film.

  • Scénario
5

En conclusion

Vous l’aurez compris Princesse Mononoké est mon film d’animation préféré. Dès la première fois où je l’ai vu, il m’a fait vibrer. Il m’a fallu plusieurs visionnages et recherches sur le net pour en comprendre toute la portée et l’aimer encore plus. C’est donc un animé que je recommande.

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