Entretien avec Cory

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Entretien avec Cory

Lors du Festival International de la BD d’Angoulême de cette année 2024, l’autrice Cory était invitée par les éditions Nazca. En France, nous connaissons la manhuajia pour ses séries Why Not? et Make a Wish! disponibles sur la plateforme Mangas.io, ainsi que pour Clown Doctor disponible chez Nazca. J’ai eu l’occasion de rencontrer Cory et de lui poser quelques questions, dont voici la retranscription.

Why Not?
Make a Wish
Clown Doctor

Bonjour et merci de m’accorder du temps pour répondre à mes questions. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter brièvement ? Comment en êtes-vous venue à dessiner des bandes dessinées ?

Cory : C’est à 13 ans, lorsque j’étais au collège que j’ai décidé de devenir dessinatrice de manhua et que j’ai commencé à dessiner pour atteindre cet objectif là.

C’est le fait d’avoir trouvé cette vocation, cette volonté de devenir dessinatrice de manhua, qui m’a donné une force et une raison d’être. A l’époque, c’est cela qui m’a vraiment motivée et donné toute la force pour me dédier entièrement à devenir dessinatrice et m’investir dans l’entraînement pour atteindre cet objectif.

Avez-vous rencontré des difficultés avec l’avis de vos parents ou quelqu’un de votre entourage qui n’était pas d’accord avec cet avenir ?

Cory : Peut-être qu’en primaire, mes parents étaient opposés à cela, mais au collège ils ont compris que je n’étais pas destinée à faire de longues études et que ce n’était pas quelque chose qui me plairait. Ils m’ont vraiment soutenue dans ce que je voulais faire.

Quand j’étais au collège, beaucoup de parents d’amis et camarades de classe me disaient qu’il fallait que je fasse des études, que j’aille dans une bonne école et que j’ai un bon diplôme avant d’aller faire du manhua. Mais finalement cela m’était égal et je me suis dit que j’allais faire ce que je voulais faire.

Je pense que vous avez bien fait !

Cory : Plus tard, j’ai aussi rencontré des difficultés en apprenant le métier. Pour devenir dessinatrice de manhua, j’ai été à Shanghai dans une sorte d’atelier pour avoir un entraînement un peu plus professionnel et c’est là que j’ai eu des difficultés. Et autour de l’âge de 26 ans, j’ai rencontré un autre souci avec le fait qu’il faut toujours garder en tête un aspect commercial. On ne peut pas juste mettre tout son cœur à créer une belle œuvre qui soit artistiquement créative et intéressante, il faut aussi se poser la question « est-ce que mes œuvres vont bien se vendre ? ».

Dans vos séries, vous abordez des sujets complexes, un peu difficiles, avec des personnages qui paraissent déjà marqués par la vie, comme l’héroïne de Clown Doctor qui a perdu sa petite sœur ou Why Not? avec un amour non partagé entre personnages de même sexe. Comment faites-vous pour trouver ces sujets que vous parvenez à si bien décrire ?

Cory : Pour Clown Doctor, lorsque j’ai découvert que ce métier existait, je me suis dit que si je le dessinais en histoire ce serait quelque chose qui serait vraiment très touchant et qui pourrait parler à beaucoup de personnes. Ce serait comme une manière de surmonter les problèmes de perte et de deuil.

L’histoire à l’origine de Why Not? était un one-shot de 40 pages de boy’s love. Il se terminait de manière plutôt triste, puisque le personnage ne pouvait pas être aimé en retour. Je me suis dit que cette fin était trop triste et j’ai voulu prolonger cette histoire pour essayer de faire trouver le bonheur de mon personnage à travers Why Not?.

Comme je le disais, vos personnages sont variés et paraissent très réels. Vous les décrivez avec justesse, en peu de pages, comme dans Clown Doctor qui en quelques pages permet de s’attacher aux personnages. Comment créez-vous vos personnages ? Puisez-vous l’inspiration auprès de votre entourage, de personnages de fiction, de romans… ?

Cory : Chacun de mes personnages a une petite part de moi-même. Les personnages que je cherche à créer, sont des personnages que l’on peut trouver autour de nous, tous les jours, on peut se dire « tiens ce personnage, je le connais un peu ». Je m’inspire aussi d’amis, de proches, de connaissances, mais aussi parfois d’inconnus que je croise dans le métro, de personnages de drama que je regarde ou d’histoires que je lis. Cela peut être toutes sortes de personnes que je rencontre et dont je m’inspire pour créer mes personnages.

C’est pour cela que vos personnages paraissent si vivants, cette touche apporte quelque chose de plus.

Plusieurs de vos titres ont reçu des récompenses, que ce soit à Taiwan ou au Japon. C’est une belle récompense et cela concrétise votre travail. Est-ce que cela a eu un impact sur votre travail ou votre manière de travailler d’une quelconque façon ?

Cory : Dans ma vie de tous les jours, cela n’a pas changé grand chose. Je suis exigeante envers moi-même, et quand je dessine, le fait d’avoir reçu une récompense fait que je vais demander encore plus de moi-même et l’exigence sera encore plus élevée. Donc ce n’est pas forcément une bonne chose.

C’est l’effet inverse donc. Vous n’êtes pas seulement contente de voir votre travail récompensé et apprécié. Vous vous mettez encore plus de pression.

Cory : Mais à part cela, j’aimerais quand même dessiner des histoires un peu plus légères, des petites romances ou des histoires à l’eau de rose (rires).

En France, nous vous connaissons déjà à travers deux séries sur la plateforme Mangas.io et avec Clown Doctor chez Nazca. Ces deux supports sont différents, comment cela s’est-il passé avec les éditeurs ?

Cory : Au départ, j’ai été publiée dans un mensuel taiwanais qui s’appelle Honey et qui était destiné principalement à un public allant de la primaire au collège. Les histoires que je dessinais alors étaient beaucoup plus simples, mais comme elles ont été très populaires, j’ai eu l’occasion de collaborer aussi avec des maisons d’éditions pour des histoires plus complètes. Ces livres ayant eu du succès également, cela s’est prolongé lors de conventions avec Mangas.io et Nazca, et j’ai pu être traduite en français.

Avez-vous un message à faire passer à vos lecteurs français, un dernier mot ?

Cory : Quand je dessinais mes manhua jusque-là, j’étais toujours toute seule, enfermée dans ma chambre à dessiner. Cela me paraissait complètement inconcevable que des lecteurs à des milliers de kilomètres dans un pays aussi lointain puissent être émus par ce que je dessine et me partagent leur retour sur mes histoires. Un énorme merci à mes lecteurs français et à ceux qui partagent leur ressenti et me font des retours, même si c’est en français. Merci beaucoup pour votre soutien, cela me rend très heureuse!

Merci beaucoup pour vos réponses.

Propos recueillis par ladybird3000 pour Bulle Shôjo. Remerciements spéciaux à l’équipe des éditions Nazca pour nous avoir donné cette belle opportunité, à l’interprète qui a permis cet échange (Daphné, si je ne me trompe pas), et bien sûr à Cory qui nous a accordé de son temps.

Publié par

Bungaku Shôjo. Rédactrice et dévoreuse de manga en tout genre. Mangas préférés : Nana, Fruits Basket, Mars, Le Sablier, Kids on the Slope, Cat Street, Life, FMA, Pandora Hearts, Barakamon, Yotsuba et bien d'autres. Animes préférés : Air Tv, Clannad, Hanbun no Tsuki, Your lie in April, Another, Blood+...

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