Shelter of Love

Avis principal par Beldaran

Aujourd’hui, c’est le retour en librairie et aux éditions Akata de ARUGA Rie avec sa dernière série en date, débuté en septembre 2022 au Japon, Shelter of Love. L’éditeur a fait le choix de garder le sous-titre anglais comme titre principal pour la parution française.

On ne présente plus l’autrice, connue surtout pour son manga sur le handicap, Perfect World mais également pour deux one-shots, Par-delà les étoiles et le puissant Quand la nuit tombe. Rie Aruga démontre qu’elle est capable d’aborder des sujets de société avec intelligence et subtilité et c’est encore le cas avec ce manga qui présente le quotidien des enfants placés.

Yoru, 10 ans, est placée en foyer, suite à une alerte donnée aux services sociaux. Elle est éloignée des violences de sa mère et découvre son nouveau foyer où d’autres enfants, comme elle, ont été placés pour diverses raisons. La principale est de les protéger et surtout de les préparer à une société qui ne leur fera aucun cadeau. Le sujet est difficile. Il fait écho à ce que l’on peut lire dans les journaux en France sur le manque de moyens de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) et ces enfants trop nombreux qui fleurissent dans les colonnes des faits divers.

Grâce à des enfants d’âges variés, Rie Aruga explore la psychologie de chacun où ils espèrent tous retourner vivre auprès de leurs proches, bien que ces derniers les fassent souffrir. Ils apprennent tôt à se taire, à refouler leurs sentiments et baisser la tête. Ils sont rejetés par leurs familles, ne connaissent pas la chaleur d’un foyer aimant et pour cela ils sont marqués au fer rouge par la société, étiquetés comme humains anormaux et jugés beaucoup plus sévèrement que les autres. C’est particulièrement frappant avec l’histoire de Yoru et un camarade à la supérette. Néanmoins, cet épisode est également intéressant, car l’autrice aborde une autre forme d’abandon, au sein même du foyer.

Avec ce premier volume, Rie Aruga brosse un portrait des foyers pour enfants, de leurs sentiments, leurs envies et leurs peurs, la perte de ce foyer construit, pas à pas, à leurs 18 ans. Cette peur nous la découvrons par les yeux de Yoru qui dès son arrivée a lié un lien fort avec un garçon de son âge Tenjaku qui est devenu son foyer. Il fait partie intégrante de son univers. C’est pour cela que pour le moment, j’ai du mal discerner l’aspect romance. Le lien qui les unie leur est tellement vital, même si pour le moment, j’ai l’impression qu’il l’est plus pour Yoru. Les personnages sont touchants. Malgré tout, j’ai du mal à perdre la sensation de lire un docu-fiction car la narration est assez froide. L’autrice a fait des recherches cela se sent. Elle ne veut pas qu’on prenne ses personnages en pitié et cela fonctionne.

Ce tome expose parfaitement ce qu’on attend des enfants placés, qu’ils travaillent plus que les autres, pour se faire une place dans une société injuste.

Les dessins collent parfaitement à l’histoire et participent à ce rendu presque clinique de la situation des enfants avec quelques passages chaleureux. Le travail sur les regards est particulièrement soigné. Le découpage et la mise en scène sont classiques mais sont puissants lorsqu’il le faut.

L’édition est plaisante. Le papier est souple, sans transparence et la qualité d’impression est correcte. La traduction, signée David Pollet, est parfaite.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Akata.