The Lion in Manga Library

The Lion in Manga Library

Résumé :

Une jeune femme qui fait carrière en aidant les librairies de mangas à vendre leurs marchandises traîne un lourd passé. Ce passé la hante jusqu’au jour où elle croise la route d’un inconnu venu lui louer une chambre. C’est autour d’un plateau de go que ces deux anciens prodiges se lieront d’une amitié inhabituelle qui leur permettra de réparer les traumatismes que la pratique intense de ce jeu leur a occasionnés. Source : Komogi

Avis principal par Beldaran

Permettez-moi de débuter par une anecdote. L’année dernière, je passais un jour au festival international de la bande dessinée à Angoulême où, je terminais mon marathon par un passage au Pavillon Taïwan. J’arrivais à la fin d’une conférence qui présentait des autrices et des auteurs. De fil en aiguille, je me retrouvais à discuter jeu de Go avec une autrice par le biais de son interprète. Elle m’a proposé une dédicace et un peu gênée, après avoir lu le titre international de sa série, je lui ai demandé un lion. La discussion s’est conclue sur la faible probabilité d’avoir sa série un jour publiée en France. Ne jamais dire, jamais !

L’année 2023 a vu apparaître une nouvelle maison d’édition, Komogi, qui a lancé sa collection avec un manhua de Xiao Dao, The Lion in Manga Library. J’ai percuté au milieu de la lecture du tome que j’avais rencontré l’autrice l’année dernière, cela m’a fait la soirée. Que voulez-vous ?! J’ai apprécié la lecture de ce premier tome.

Lorsqu’on parle de Go en manga, immédiatement on pense à Hikaru no Go, écrit par Yumi Otta et dessiné par Takeshi Obata qui est publié aux éditions Delcourt Tonkam. Je n’ai pas lu ce titre mais sachez que Xiao Dao y fait de nombreuses références et ça divulgâche quelque peu. J’ajoute que de nombreuses références à divers mangas sont disséminées dans les pages ce qui est plutôt sympa.

L’autrice nous présente la rencontre entre deux pratiquants de GO qui ont pris la fuite, Tung-ji et Hsia-sheng. Je n’y connais rien au jeu de Go mais les menues informations données permettent de suivre et finalement ce n’est pas le propos central du récit. En effet, d’une certaine façon, dans le traitement des personnages et l’aspect tranche-de-vie, l’histoire se rapproche de March comes in like a lion (lisez ce merveilleux titre !). Par le biais de Hsia-sheng, Xiao Dao aborde la violence parentale. Il y a des passages assez durs et d’ailleurs elle explique qu’elle a créé le personnage, suite à ce qu’elle a pu observer autour d’elle et c’est assez effrayant. Avec Tung-ji, elle dévoile le boum des librairies de prêts qui se sont développées à Taïwan dès la fin des années 1990 et qui n’ont pas survécu à la transformation des loisirs et l’arrivée du numérique. C’est un point très intéressant à découvrir, surtout que Tung-ji aide ces librairies à fermer, sans qu’elles n’y perdent trop de plumes.

Ces questions de société, enrichissent le récit et gravitent autour du jeu de Go qui lie les deux personnages. Les deux se découvrent et s’apprivoisent grâce au plateau et surtout changent, notamment Tung-ji.

L’atmosphère, derrière une façade de légèreté, laisse filtrer de la tension, qui tressaille et explose lors des phases de jeux. Il se dégage, également des pages, une dimension poétique.

J’ai apprécié l’insertion de précisions sur la création de l’œuvre entre les chapitres.

Les deux personnages principaux trainent leurs propres démons. Pour Tung-ji ils sont intimement liés au Go et la dernière page du tome est assez bouleversante. C’est une jeune femme enthousiaste qui a la tête sur les épaules mais qui présente une certaine fragilité. Hsia-sheng est touchant, ce qu’il a subi lui confère un certain détachement des évènements, tout en étant attentif lorsqu’il joue au Go. Ils forment un beau duo et je suivrai leur parcours avec plaisir.

Les dessins sont surprenants. Xiao Dao joue sur les proportions des mains pour renforcer la puissance des parties de Go. Cependant, ces proportions exagérées confèrent des allures étranges aux personnages. Ils ont des sourcils curieux par moment. La mise en scène et les angles de vue variés offrent au récit un sacré dynamisme et une touche onirique, ce qui est le cas dans la dernière partie.

L’éditeur a fait le choix de ne pas utiliser le visuel de jaquette d’origine qui est, malgré tout, présent sur la couverture et j’ai une nette préférence pour ce dernier. Le titre conservé est celui international mais sans le « the ». Il me laisse perplexe par rapport à l’utilisation du terme « Library » qui ne correspond pas vraiment, mais bon. Un titre français aurait pu être sympa. L’édition est correcte. Le papier est souple, sans transparence et nous avons droit à une page couleurs. La traduction, signée Alice Touch colle plutôt bien, même si des tournures de phrase m’ont paru forcé et l’ajout de certains éléments m’ont laissé perplexe, à l’image du « accent vietnamien » à un moment. Après le chapitre bonus, nous avons droit à des entretiens de joueurs de Go professionnels qui nous sont jetés comme ça, sans préambule. C’est assez déroutant. J’aurais apprécié plus de détails. Le tome se conclue sur la postface de l’autrice.

Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Komogi.

  • Scénario
  • Dessin
3.5

En conclusion

The Lion in Manga Library est une tranche-de-vie sportive emballante qui promet pour la suite. Une belle surprise.

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