Avis principal par Beldaran
Les nouveautés de light novel sont une denrée rare dans un marché étroit, marqué par la disparition en novembre 2024 de l’éditeur LaNovel, les éditions Ofelbe qui survivent comme elles peuvent et la présence de petites maisons d’édition à l’image de Mahô qui continuent de proposer de nouveaux titres, comme la duologie, Une fleur venue d’ailleurs.
Les deux volumes sont sortis simultanément, le 12 septembre dernier, en version simple mais aussi regroupés dans un coffret avec quatre ex-libris : une publication soignée.
Autant le préciser immédiatement, les résumés des volumes, notamment le second et le fait que l’éditeur place le mot romance en premier thème pourrait induire en erreur, car non il ne s’agit pas d’une romantasy (dont les ouvrages explosent en littérature de l’imaginaire) et encore moins d’une histoire où la romance est centrale. Si vos aimez les intrigues politiques et économiques, ce roman est fait pour vous.
Bertine, fille du premier ministre du petit royaume insulaire de Saint-Rouant (que j’ai lu Saint- Roustan tout du long), se trouve offerte au vainqueur de la guerre opposant l’Empire santoréen à la Fédération du Sud, en guise de réparation. La jeune femme prend la situation avec pragmatisme et la voilà embarquée pour la Fédération avec sa servante la plus fidèle Dorothée (suivons la route de brique jaune Dorothée !) et une poignée de domestiques. L’accueil est polaire et hostile. Afin de survivre, Bertine décide de reprendre sa vie en main en quittant la demeure du mystérieux (bon, il est absent) Cecilio Bonifacio pour s’installer à son compte à Ivito, la capitale de la Fédération.
Bertine et Cecilio tissent leurs toiles chacun de leur côté pour le futur de la Fédération et en toute logique finissent par travailler ensemble à un futur nouveau pour ce territoire exploité par l’Empire jusqu’à présent. C’est l’histoire de deux bourreaux de travail.
J’ai apprécié la manière dont Syuu distille les informations sur l’univers, comme sur les personnages. La narration est légère, enrichit par les tractations marchandes et autres projections économiques. C’est un élément qui fait que je n’arrive pas à lire Spice & Wolf mais, dans ce cas, c’est un bonheur. Je me suis prise au jeu des avancées de Bertine qui utilise son intelligence et son sens du commerce pour marcher vers son objectif. Plus le récit avance et plus on en apprend sur son éducation, quelque peu singulière.
L’aspect économique nous fait voyager : nouvelles odeurs, nouveaux mets, nouvelles boissons, Syuu arrive à nous faire saliver et nous extasier devant des paysages inconnus. La partie commerce est liée à l’intrigue politique qui se met en place de manière naturelle. Dans l’ensemble, il n’y a pas de gros retournements de situation, pas plus que de moments de tension où l’histoire peut basculer. Par conséquent, l’ambiance a un petit côté cosy.
Autre point positif, le passage du temps : les mois et les années filent de façon logique et nous le comprenons par quelques détails bien placés.
En filigrane, l’autrice aborde la condition des femmes, celles du peuple, notamment les veuves de guerre mais aussi celles de la noblesse qui rencontrent des difficultés d’un autre ordre. Ce n’est pas fouillé mais c’est très bien géré et cela s’insère parfaitement dans le récit.
L’histoire est à la troisième personne. J’ai eu l’impression, surtout pour le premier tome, d’observer Bertine par les yeux des autres personnages. Cela change dans le second, où on accède plus à ses pensées et si c’est un effet voulu, et bien, c’est plutôt réussi.
En ce qui concerne la romance, comme je l’écrivais plus haut, il y a quelques touches de-ci de-là, indiquant l’intérêt d’un des deux personnages, puis la manière dont l’autre finit par ouvrir les yeux mais cela reste très léger. Les personnages secondaires sont les plus clairvoyants sur ce point. Nous avons tout de même droit à un joli moment entre les deux personnages.
Les illustrations, dessinées par Fujigasaki, sont vraiment jolies. Les visuels de couverture présentent parfaitement l’ambiance des tomes. Les volumes contiennent chacun cinq illustrations en noir et blanc plus une image en couleur.
L’édition est très agréable avec un petit format souple pour une bonne prise en main. La mise en page est plaisante car assez aérée. Les ornements aux angles des pages sont du plus effet, comme le changement de typographie pour le titre des chapitres. Les illustrations couleurs sont sur papier glacé. La traduction, signée Lola Vendries, est fluide et agréable.
Fiche réalisée grâce au service de presse des éditions Mahô.
En conclusion
Une fleur venue d’ailleurs est un voyage attrayant et prenant aux côtés d’une héroïne forte et attachante que l’on prend plaisir à suivre et découvrir. Une belle découverte.
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