Avis principal par Maccha
Dans A sign of affection, le duo de mangakas suu Morishita nous propose une romance touchante et mignonne qui se déroule dans le cadre universitaire et qui met en scène une héroïne sourde et un jeune homme polyglotte. La série connait un beau succès au Japon, ayant remporté le Grand prix manga pour l’année 2020 du magazine féminin AN AN dans plusieurs catégories.
Yuki a un quotidien simple entre l’université, les réseaux sociaux et des choses mignonnes. Elle vit dans un monde sans son depuis sa naissance. Un beau jour d’hiver, un jeune homme aux cheveux argentés lui vient en aide dans le train. Il s’agit d’Itsuomi qui est dans la même université qu’elle mais ils n’avaient eu l’occasion de faire connaissance avant cet incident. Elle est fascinée par lui rapidement. Avec son amie Rin, une fille sympathique attirée par Kyôya, le cousin d’Itsuomi, qui gère un café où ce dernier travaille à temps partiel, les deux jeunes filles vont essayer de se rapprocher des deux jeunes hommes.
On a déjà eu des titres traitant le sujet de la surdité comme l’excellente série A Silent Voice chez les éditions Ki-oon ou le shôjo de romance lycéenne Comme les autres chez les éditions Kana. Cette fois, c’est un shôjo dans un cadre plus adulte et on est plus focalisé sur l’aspect romance avec le point de vue de la personne concernée par le handicap. Ce dernier est bien mis en avant, faisant partie de Yuki et de son quotidien, sans être uniquement le centre de l’histoire. On aperçoit les difficultés que peuvent rencontrer les personnes sourdes comme ne pas sentir les dangers qui arrivent dans la rue, être surprises quand une personne les touche ou le regret de ne pas pouvoir capter les nuances dans la voix telle la douceur…
On avait déjà vu le talent des autrices à transmettre les émotions à travers les regards et les gestes dans Hibi Chouchou. Ici, une attention particulière est accordée pour représenter la langue des signes par les mangakas qui travaillent avec une collaboratrice pour représenter le japonais signé. On insiste sur la richesse de la langue des signes qui a de nombreuses spécificités et qui diffère selon la région, et même entre les générations. Les dialogues sont mis en gris pour différencier les paroles lues par Yuki sur les lèvres, il ne s’agit pas d’une erreur d’encre comme on pourrait le penser au début, et certains mots sont écrits différemment pour montrer les difficultés qu’elle a à les saisir. L’application des autrices est remarquable.
Un des sujets principaux est la communication, notamment la volonté de communiquer. Itsuomi parle plusieurs langues, s’intéresse aux différentes cultures et aime voyager en backpacking à l’étranger. Le monde de Yuki s’élargit avec leur rencontre et lui aussi voit son monde chamboulé. Lui qui a toujours besoin d’aller vers d’autres horizons, est intrigué par cette jeune fille et veut entrer dans son monde. Comme la majorité des personnages masculins de shôjo, c’est un garçon populaire et souvent entouré de filles. Cependant, peut-être à force de côtoyer d’autres cultures et de voyager autant, c’est un personnage mature et indépendant et parfois difficile à cerner. Il peut paraître parfois nonchalant et un peu trop à l’aise avec les autres, tout en étant doué à créer des contacts facilement. Je le trouve plutôt curieux et différent des personnages masculins de shôjo. Yuki est d’abord intriguée par lui comme il la traite normalement malgré son handicap et est troublée par sa tendance à se rapprocher trop près. Il est direct et entreprenant mais toujours respectueux. De son côté, Yuki est adorable avec ses gestes. Elle a aussi de la volonté et souhaite avancer.
On suit également d’autres émois amoureux autour de notre couple principal. On devine dès le départ certains rivaux amoureux potentiels, comme Ema, la belle amie de lycée d’Itsuomi qui traine toujours avec leur ami Shin, ou comme Ôshi, l’ami d’enfance de Yuki, d’apparence rustre avec elle. Il se prend mal mais on se doute dès le début qu’il tient à elle. Personnellement, il me rappelle plus un petit frère agaçant. Des amitiés et la bienveillance créent également une ambiance douce et chaleureuse.
Comme dans beaucoup de shôjo, les personnages féminins sont troublés par des petites choses qui peuvent paraître simples, comme se trouver en tête à tête avec les élus de leur cœur. C’est touchant et mignon, un peu comme dans Hibi Chouchou mais dans un univers plus adulte, ce que j’ai apprécié. Yuki a 19 ans et entre dans le monde des adultes et Itsuomi, à 22 ans, est déjà assez mature. J’avais peur que la relation avance trop lentement comme dans la série précédente, mais heureusement ce n’est pas le cas.
Je trouvais les graphismes de Hibi Chouchou déjà agréables et le trait a encore évolué avec de belles mises en scène. On aperçoit également quelques jolis paysages d’autres pays, comme le Cambodge ou la Thaïlande, grâce aux voyages d’Itsuomi.
Le scénario est peut-être un peu trop concentré sur les relations amoureuses. J’aimerais par exemple savoir un peu plus sur ce que Yuki faisait avant cette rencontre ou ce qu’elle étudie. C’est plaisant de voir qu’elle se fixe de nouveaux objectifs comme trouver un petit boulot. Là aussi, on voit que les entretiens ne sont pas toujours évidents, comme la difficulté d’être contacté par téléphone ou de communiquer avec les gens portant des masques.
L’édition est de bonne qualité et on a quelques bonus inédits pour la version française comme les explications dans le tome 4 de Mélanie Deaf, youtubeuse et enseignante en langue des signes, sur l’importance d’avoir des langues par région pour exprimer les choses propres à sa culture.
Résumé
Une belle romance mignonne et touchante entre une jeune fille sourde et un grand voyageur. Le handicap est traité avec pudeur et délicatesse.
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