La Grande Traversée

La Grande Traversée

Résumé :

Mitsuya Majime travaille au service commercial de la maison d’édition Genbu shobô. Son sens aigu du mot juste lui permet de rejoindre l’équipe du service des dictionnaires. Il va devoir, avec ses nouveaux collègues de travail, qui partagent le même amour que lui pour les mots, se plonger corps et âme dans la fabrication d’un nouveau dictionnaire : La Grande Traversée… Entouré de collaborateurs tout aussi acharnés que lui à trouver le mot juste, il se lance corps et âme dans ce chantier qui va, pendant plusieurs années, profondément changer sa vie… Source : Le Lézard Noir

Avis principal par Beldaran

En 2016, je regardais la série animée produite par le studio ZEXCS, The Great Passage qui, a eu le malheur d’être diffusée sur Amazon Prime, où une certaine, Haruko Kumota était créditée pour le design des personnages. J’ai été fascinée par l’histoire qui dévoilait la création d’un dictionnaire sur de nombreuses années. Oui, écrit comme cela, ce n’est pas très vendeur et pourtant ! En 2019, grâce aux éditions Actes Sud, je lisais l’œuvre originale, La grande traversée, signée Shion Miura, publiée en 2011 au Japon et dont une certaine Haruko Kumota (encore !) avait réalisé des illustrations. Quoi de plus naturel que la mangaka se charge de l’adaptation manga publié en deux volumes entre 2016 et 2017 aux éditions Kôdansha. En France, les éditions du Lézard Noir nous proposent le titre sous la forme d’un épais volume de plus de 300 pages. J’ajoute également qu’une autre excellente série de Haruko Kumota est en cours de publication au Lézard Noir, Le Rakugo à la vie, à la mort.

L’histoire est simple. Nous suivons le quotidien d’une petite équipe éditoriale de la maison d’édition Genbu Shobô qui s’attelle à la vaste tâche de créer un nouveau dictionnaire : La Grande Traversée. Le titre est fort bien choisi car il sera l’outil qui permettra aux personnes de naviguer sur l’océan houleux des mots. Cette approche poétique de la création de cet ouvrage si particulier et dont on peut questionner l’intérêt à l’ère de l’internet est pertinente. Au fil des pages et, des nombreuses années pour les protagonistes, nous découvrons la méthode de fourmis qu’ils développent pour ne laisser s’échapper aucun mot ou au contraire, retirer ceux qui n’ont plus leur place dans un dictionnaire contemporain. C’est un passage très intéressant, renforcé par un dialogue, qui met en exergue la différence entre une production d’État et celle de leur petite équipe qui ne reçoit aucune aide mais qui bénéficie d’une grande liberté. Autre interrogation soulevée, la conception des dictionnaires est réalisée majoritairement par des hommes donc il apparaît que des mots utilisés par les femmes en sont exclus. Tous ces questionnements apparaissent de manière logique dans le cours du récit et démontre que Haruko Kumota a effectué un excellent travail d’adaptation, chose qui n’a pas dû être facile. Et pourtant, elle mêle habilement création de l’ouvrage, du choix des mots à la sélection du papier et interaction des personnages car, cela reste une aventure profondément humaine et touchante.

Néanmoins, par moments, je regrette le manque de fluidité de la narration, certaines coupures sont abruptes mais, le temps qui passe est bien marqué par le vieillissement des protagonistes et l’arrivée de nouveaux. Les touches d’humour, légères, adoucissent l’histoire qui sait se montrer émouvante.

Le chapitre bous est drôle.

La galerie des personnages est réduite et ils ne sont pas tous développés de la même manière. J’ai apprécié leur découvrir de nouvelles facettes, différentes de l’adaptation animée. Tout d’abord, les plus anciens et les plus passionnés, le professeur Matsumoto, brillant érudit, salarié-retraité et, celui qui prend sa retraite Araki qui, cherche son successeur. Il trouve la perle rare, incarnée par Mitsuya Majime, fasciné par les mots justes, totalement dans son monde de lettres et peu doué dans les relations sociales. Sur cet aspect, il est épaulé par Nishioka, fort en gueule qui peut paraître exaspérant et trop exubérant mais qui a un bon fond. Cette réalisation les transforme pour le meilleur. C’est émouvant de les suivre tout au long de ces années. Il y a des personnages féminins, plus ou moins mis en avant, dont je vous laisse le plaisir de la découverte. Oh, et, il y a un chat, formidable, Tora.

J’apprécie toujours autant la finesse et l’élégance du trait de l’autrice qui sert à merveille le récit. Le découpage reste classique mais il y a de très belles idées de mise en scène. Les personnages sont expressifs.

L’édition est dans les standards de l’éditeur, grand format et sans jaquette. La qualité d’impression est bonne et la traduction, signée Cyril Coppini, est excellente. Les deux postfaces des autrices sont très intéressantes.

  • Scénario
  • Dessin
4

En conclusion

La Grande Traversée nous offre un formidable voyage, sensible et, très intéressant sur la mer des mots.

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